Je peux enfin mettre des mots sur ce qui m'est arrivé.
Pas un "baby blues". Une vraie dépression. Commençons par le commencement. Déjà, je ne m'y attendais pas. Je pensais que la DPP (Depression Post-Partum) était liée au fait que la mère déprimait (ahah) car son bébé n'était plus dans son ventre (en gros). Il y avait aussi une histoire de descente d'hormones. Mais je ne savais pas comment ça allait se manifester.
Déjà, elle n'est pas apparue tout de suite après l'accouchement, mais après ma montée de lait je dirais. Donc 1 semaine après mon accouchement.
C'est à ce moment que j'ai eu droit à la descente d'hormones. Moi, super maman, qui ne dormait que 4 heures par nuit en fractionné, je suis devenue une lavette. Bon, j'exagère. J'ai toujours bien dormi, et j'étais "heureuse" de dormir moins, et surtout, d'avoir besoin de moins. Mais mon corps m'a rattrapée, et la chute a été très difficile.
Je ne tenais plus debout, j'étais épuisée. Donc j'ai du dormir. Mais mon rythme ne correspondait pas à celui du bébé. Donc dès que possible, le papa sortait la promener pour que je grappille 1 à 2 heures de sommeil.
Je pleurais tous les jours. C'était super difficile de voir un petit bébé pleurer, je ne comprenais pas. Je n'avais pas envie de la prendre dans mes bras, je ne l'aimais pas. J'avais pas envie de la consoler, j'avais juste envie de m'isoler et de lècher mes plaies. J'avais mal physiquement après mon accouchement, j'étais épuisée et impuissante. On a oublié de me fournir le mode d'emploi, j'étais désespérée. Je pleurais au moins une fois par jour. J'en venais à regretter d'avoir fait un enfant.
Je ne voyais personne, j'étais trop enfermée dans ma bulle : fatigue, ne voir personne, se reposer, déprimer, fatigue.
Et puis, j'ai commencé à noter les points positifs de ma journée. Un point d'abord. Puis je visais comme objectif de ne pas pleurer de la journée. J'ai tenu un jour, une victoire. Puis 2, puis 3 etc. Bon, j'ai recraqué, je remets les compteurs à zéro, mais voilà, j'ai réussi à tenir bon.
Je me suis fait des petites sorties "courses", je faisais les courses seule, je me faisais plaisir. Un jour, en pharmacie, je me suis acheté un masque détente. L'autre fois, au supermarché, une crème pour les mains.
Mes belles-soeurs m'ont fait des cadeaux pour la naissance, un coffret Yves Rocher pour l'une, une nuisette sexy pour l'autre. Cela m'a fait un bien fou.
Mais voilà, une chose positive ne peut pas tout gommer, donc j'allais toujours mal, mais mieux. Ma maman m'a conseillé de faire garder la petite, une heure ou deux, pour me reposer, mais je n'ai jamais voulu. Je voulais me prouver à moi-même que j'étais une "bonne" mère. Qui n'aimais pas son enfant, mais bonne quand même. Ridicule.
J'ai pas lancé de SOS, j'aurais peut-être du. Je ne sais pas si ça aurait changé quelque chose. J'ai mis un petit mois à me remettre. C'est pas grand chose au final, mais c'est long quand on le vit. Une routine s'installe, on note "mouchoirs" sur toutes les listes de courses.
J'avais l'impression de ne servir à rien. J'aimais pas ma fille, j'étais donc nulle comme mère. Je ne pouvais pas assumer mon devoir conjugal, j'étais nulle comme femme.
Et puis, petit à petit, on a repris nos activités intimes. Ca aussi ça m'a aidée. La première fois, j'ai eu très mal. Mais ce n'était pas ma faute, j'ai eu un problème lors de l'épisiotomie. Une zone n'a pas été recousue et s'est cicatrisée bizarrement, elle était douloureuse lorsqu'on la sollicitait. Et puis, après le rendez-vous post-partum, on a "coupé" cette zone. J'ai retrouvé mes douleurs de début d'accouchement, j'en ai pleuré. J'étais au bout. Et puis, 2 semaines après, j'ai voulu re-essayer les rapports. J'en ai beaucoup parlé avec ma kiné aussi. Elle m'a beaucoup écoutée, n'a jamais prononcé les mots DPP, mais elle m'a parlé de son expérience.
Bref, lorsque nous avons re-essayé, j'ai pleuré. Pas de douleur, justement, je n'en sentais pas. J'ai pleuré de joie. Je pense que ce moment à vraiment marqué la fin de ma DPP.
Elle s'est envolée quand j'ai repris le travail, lorsque ma fille avait 3 mois.
Parlez-en. Fixez-vous des petits objectifs. La DPP peut vous toucher n'importe quand dans l'année qui suit votre accouchement. Elle a également été accentuée par un problème important de thyroïde (hyperthyroïdie). J'étais épuisée, à bout, je perdais énormément de poids à vue d'oeil. Mais j'ai été traitée très rapidement, j'en ai pour 18 mois de traitement, mais je pense que ça jouait aussi.
Et vous, avez-vous souffert de DPP ? Comment avez-vous fait pour vous en sortir ? Dites-moi tout dans un commentaire !